Migration: sortons la tête du sable !

Un poste frontière gardé par des autruches

L’officialisation de la fermeture de l’USAID, l’agence américaine qui représente plus de 40% de l’aide humanitaire mondiale, par Donald Trump est un cataclysme d’une rare violence qui risque de plonger l’Europe dans une grave crise migratoire.

Une tendance de retrait de la politique internationale

C’est le point d’orgue d’une tendance de retrait de la politique internationale et humanitaire, observée dans tous les pays occidentaux à laquelle la Suisse participe à son échelle en baissant ses subventions à l’aide au développement, mais à un tout autre niveau. L’UNICEF parle de 14 millions d’enfants dont elle ne pourra plus s’occuper pendant que l’UNHCR – Haut commissariat aux Réfugiés – a dû se séparer d’un tiers de ses effectifs sur le terrain. Un drame d’abord humain et moral, mais également une situation critique pour la migration en Europe.

Une situation prévisible

Jusqu’à aujourd’hui, 90% des personnes déplacées migraient dans une région ou un pays limitrophe à leur lieu d’origine. Mais sans aide humanitaire, ni capacité d’accueil sur place, les réfugiés n’auront d’autre choix que de se diriger vers les pays du nord et en ce qui concerne l’Afrique et le Moyen-Orient, vers l’Europe. Ce déplacement massif vers notre continent était néanmoins prévisible pour d’autres raisons. En effet l’une des conséquences du dérèglement climatique pourrait être de rendre littéralement inhabitable de larges zones comme c’est déjà le cas dans certaines régions d’Afrique mais également du Pakistan ou du Golf Persique. Forçant ainsi des millions de personnes à l’exil, sans parler des conflits liés à l’accès à l’eau qui ne feront qu’empirer et augmenteront logiquement le nombre de déplacés.

L’immigration pour l’économie

Dans un pays où la chute de la natalité persiste et où la pénurie de main-d’œuvre est un enjeu majeur de l’économie, l’immigration en soi est loin d’être un problème. Mais la brutalité et la rapidité avec laquelle ces coupes ont été faites, nous obligent à sortir la tête du sable et à se retrousser les manches. Dans leur habituelle hypocrisie outrancière, les populistes nationalistes hurlent à la fermeture des frontières.

Or, les flux migratoires ne sont pas un robinet que l’on ouvre ou que l’on ferme, la politique ultra-restrictive qu’ils veulent ne freine pas l’immigration, elle l’a clandestinise. Laissant le soin aux organisations criminelles – réseaux de passeurs et trafiquants de drogue en premier – de prendre le relais, là où l’État faillit, trouvant chez ces patriotes de pacotille de précieux alliés dans leur recrutement et leur mépris des droits de l’Homme. Alors qu’un accueil “officiel” et humain permettrait au contraire de contrôler qui rentre sur notre territoire tout en garantissant à l’économie la main-d’œuvre dont elle a besoin.

Changeons le logiciel de notre politique d’accueil !

Cette situation n’est pas tenable, nous devons profondément changer le logiciel de notre politique d’accueil et revoir les accords de Dublin en coordination avec nos voisins Européens. Accueillir pour mieux contrôler, former et permettre l’autonomie financière de ces personnes, garantir la prospérité de notre économie, la production agricole et la transition écologique qui manquent de bras et le financement de nos retraites qui manque de cotisants. Faisons de ce défi une opportunité de prospérité et d’affirmation de nos valeurs humanistes, plus que jamais liées par un destin commun.